Controverse autour de la représentation australienne à la Biennale de Venise : l’affaire Khaled Sabsabi

La décision de Creative Australia de retirer l’artiste australien d’origine libanaise Khaled Sabsabi et le conservateur Michael Dagostino de la représentation australienne à la 61e Biennale de Venise a suscité une vive polémique dans le milieu artistique. Cette décision intervient seulement six jours après l’annonce de leur sélection pour l’événement artistique international prévu en 2026.
Elizabeth Ann Macgregor, ancienne directrice du Musée d’Art Contemporain (MCA), a exprimé sa profonde déception face à cette révocation. Elle a déclaré que cette situation pourrait dissuader d’autres artistes de représenter l’Australie lors de la Biennale, estimant que le pavillon australien est désormais « totalement entaché ».
La controverse trouve son origine dans des œuvres antérieures de Sabsabi, notamment « You » (2007), une installation vidéo présentant des images de l’ancien leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Cette œuvre, offerte au MCA en 2009, fait partie de la collection du musée. Macgregor a souligné que cette pièce avait suscité de nombreuses discussions enrichissantes avec le public et les groupes scolaires, affirmant qu’elle n’était en aucun cas une glorification de Nasrallah.
Le ministre des Arts, Tony Burke, a confirmé avoir contacté Adrian Collette, directeur général de Creative Australia, avant la réunion du conseil d’administration qui a conduit à la révocation de Sabsabi. Burke a précisé qu’il soutiendrait la décision prise par l’organisation, tout en niant toute ingérence politique.
Cette affaire a également conduit à des démissions au sein de Creative Australia. Des figures importantes, dont le banquier d’investissement Simon Mordant et l’artiste Lindy Lee, ont quitté leurs postes en signe de protestation contre la décision de retirer Sabsabi et Dagostino. Par ailleurs, près de 3 000 artistes, conservateurs, écrivains et universitaires ont signé une pétition demandant la réintégration de l’équipe artistique, mettant en avant les implications de cette décision sur la liberté artistique et l’indépendance du secteur face aux pressions politiques.
Creative Australia a annoncé la mise en place d’une enquête indépendante sur le processus de sélection artistique, reconnaissant que la décision de retirer Sabsabi avait provoqué une « profonde déception ». L’organisation a réaffirmé son engagement en faveur de la liberté artistique, tout en soulignant sa responsabilité de représenter tous les Australiens.
Cette situation met en lumière les tensions persistantes entre l’expression artistique et les sensibilités politiques, soulevant des questions sur l’ingérence politique et la censure dans le domaine des arts en Australie.