Tendances de la mode : suivre ou résister ?

Les tendances de la mode peuvent sembler palpitantes, mais sont-elles réellement utiles pour développer un style personnel ou servent-elles simplement à stimuler notre consommation ?

Je consomme énormément de contenu lié à la mode. Mon fil YouTube est inondé de vidéos sur les prédictions de tendances, que je regarde avec l’espoir de rester à l’affût de ce qui bouge dans l’univers de la mode. Les jeans skinny font-ils vraiment leur retour ? Le phénomène du « quiet luxury » est-il déjà dépassé ? Est-ce que tout cela a vraiment de l’importance ? Les cycles de la mode évoluent à une telle vitesse qu’il devient difficile de suivre le rythme.

Selon Neural Fashion, « une tendance mode représente un ensemble de préférences, de styles ou de motifs qui deviennent populaires pendant une période donnée ». Historiquement, ces tendances suivaient des cycles d’environ 20 ans. Mais aujourd’hui, avec les innovations technologiques dans les médias et la production textile, ces cycles se raccourcissent de manière spectaculaire. Il suffit d’un passage viral sur TikTok pour qu’une nouvelle tendance émerge tous les deux mois.

Même si leur durée de vie est de plus en plus courte, les tendances suivent généralement cinq étapes :

Introduction, montée, apogée, déclin et obsolescence.

Tout commence lors des grandes semaines de la mode, où les maisons de couture présentent les pièces phares des prochaines saisons. Lors des récents défilés automne/hiver, des tons verts vifs ont marqué les collections d’Hermès, Prada et Saint Laurent. À partir de ces inspirations, les journalistes, influenceurs et stylistes identifient des motifs récurrents et définissent les grandes lignes des prochaines tendances.

Une fois repérées, ces tendances sont relayées sur les réseaux, portées par des célébrités ou figures populaires qui en amplifient la visibilité. C’est ainsi qu’on entre dans la phase de montée.

Lorsque la tendance atteint une certaine popularité, elle devient aussi plus accessible. Les enseignes de prêt-à-porter s’en emparent, les collections se multiplient, et la tendance atteint son apogée.

Vient ensuite le déclin : la tendance se banalise, s’essouffle et finit par devenir obsolète. Mais attention, cela ne signifie pas pour autant sa disparition définitive. La mode fonctionne par cycles, et certaines tendances reviennent régulièrement. Les jeans taille haute en sont un parfait exemple : populaires dans les années 70, délaissés dans les années 90, ils ont fait un retour remarqué à la fin des années 2010. Il en va de même pour les silhouettes amples et les couleurs vives, typiques des années 80, revenues récemment sur le devant de la scène.

Les tendances peuvent être une belle opportunité pour tester de nouveaux styles et sortir de sa zone de confort. Elles inspirent certains, tout en créant une pression pour d’autres, qui se sentent obligés de suivre le mouvement, même quand cela ne leur correspond pas vraiment. Alors, pourquoi les suivons-nous ? Et à quel moment devrions-nous nous en détacher ?

Le renouvellement incessant des tendances soulève une question essentielle : les adoptons-nous parce qu’elles nous parlent vraiment ou simplement parce qu’elles sont omniprésentes ? Si certains y trouvent un moyen d’affiner leur style, d’autres préfèrent construire une garde-robe plus personnelle, moins sujette aux fluctuations.

Pour mieux comprendre cette dynamique, j’ai interrogé des étudiants sur Instagram à propos de leur rapport aux tendances. Les réponses ont été variées. L’un d’eux expliquait les utiliser « comme source d’inspiration pour mieux cerner [son] style personnel », tandis qu’un autre affirmait que les tendances « effacent le message et la singularité du style ».

Certains voient dans les tendances un outil marketing davantage qu’un levier d’expression individuelle. L’un des témoignages soulignait que « les marques s’en servent pour se démarquer, mais ce n’est pas forcément utile pour le consommateur ».

Une autre réponse adoptait une position nuancée : « Oui et non. Le style personnel est plus important et aussi plus durable financièrement. Participer à une tendance, c’est amusant, mais cela finit souvent par coûter cher pour peu de valeur. »

En réalité, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Suivre ou ignorer une tendance dépend de son budget, de ses convictions, de son identité. Personnellement, je regarde les rapports de tendances pour m’informer, mais je ne les suis que si elles correspondent vraiment à mon univers.

La mode devrait avant tout être une source de plaisir, pas une course permanente. Que l’on choisisse de s’approprier certaines tendances ou de tracer sa propre voie, l’essentiel est de rester fidèle à soi-même.